2e avent 08 / 12 / 2024
Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec nous tous. Amen
Esaïe 35,3-10
3 Fortifiez les mains affaiblies et affermissez les genoux flageolants! 4 Dites à ceux qui ont le cœur battant: «Fortifiez-vous, n’ayez pas peur! Voici votre Dieu: elle viendra, la vengeance, la rémunération de Dieu. Il viendra lui-même pour vous sauver.» 5 Alors les yeux des aveugles seront ouverts et les oreilles des sourds seront débouchées. 6 Alors le boiteux sautera comme un cerf et la langue du muet lancera des cris joyeux. Oui, de l’eau jaillira dans le désert et des ruisseaux dans la plaine aride. 7 La terre brûlante deviendra un étang et la terre aride se changera en sources d’eau. Dans le repaire qui servait de gîte aux chacals pousseront des roseaux et des joncs. 8 Il y aura là une route, un chemin qu’on appellera «chemin de la sainteté». Aucun impur n’y passera, il sera réservé pour eux lorsqu’ils suivront ce chemin. Même les fous ne pourront pas s’y égarer. 9 On n’y croisera aucun lion, aucune bête sauvage ne le gravira, aucune ne s’y trouvera. Ce sont les rachetés de l’Eternel qui y marcheront. 10 Ceux que l’Eternel aura libérés reviendront, ils arriveront à Sion avec des chants de triomphe et une joie éternelle couronnera leur tête. Ils connaîtront la gaieté et la joie, la douleur et les gémissements s’enfuiront.
Prière :
Seigneur, en toi sont cachés des trésors de sagesse et de connaissance. Nous te prions de nous donner ton Esprit. Amen
Chers paroissiens !
Pour le 2ᵉ dimanche de l’Avent, on souhaiterait normalement un texte empreint de sérénité, capable de nous plonger dans une atmosphère de bien-être.
Au lieu de cela, le texte biblique nous plonge directement dans des émotions intenses et décrit un état physique que nous pouvons tous comprendre aisément. Nous avons tous – à un moment ou un autre – connu cette sensation où nos genoux tremblaient comme de la gelée, où nos mains étaient moites ou semblaient faites de caoutchouc. Nous avons probablement aussi tous ressenti des battements de cœur incontrôlables, dus à la peur.
Les causes de la peur sont nombreuses : peur des fantômes ou des esprits, peur du noir, peur des examens, peur d’être abandonné, mais aussi peur de s’engager, peur de la déchéance sociale, peur de la guerre, peur de l’avenir. La liste pourrait s’allonger encore, et chacun peut, dans le silence de son cœur, réfléchir à ce qui le rend anxieux, à ce qui lui donne des « mains faibles » et des « genoux chancelants », qui vacillent.
Et c’est là toute la grandeur de la Bible. Elle est ancrée dans notre monde. Elle prend en compte notre réalité. Elle ne se demande pas si nos peurs sont fondées ou infondées, légitimes ou illégitimes, rationnelles ou irrationnelles. Une peur reste une peur. La Bible prend au sérieux notre condition humaine, mais elle ne s’arrête pas là. Elle a une réponse à nos peurs : le « Ne craignez pas ! » Ce n’est pas un simple « Tout ira bien » ou « Ce n’est pas si grave ». Non, le « Ne craignez pas » est le signe d’un changement radical, d’un retournement, d’un nouveau départ.
« Ne crains pas » dit l’ange à Marie, « Ne craignez pas » disent les anges aux bergers dans les champs, et « Ne craignez pas » proclame l’ange aux femmes au matin de Pâques. Et ce « Ne craignez pas » n’est pas un simple slogan, une parole. Il repose sur une assurance. Il repose sur l’assurance de Dieu et sur un sens. Sur une raison profonde. Dieu veut que nous fassions partie des « rachetés ».
Mais comment puis-je être délivré de mes peurs ?
Les peurs qui m’enchaînent au passé et rendent l’avenir sans espoir ?
Comment puis-je être libéré de l’angoisse qui me pousse à m’accrocher à la vie, par crainte que la mort révèle mon existence comme une succession de vaines tentatives et d’inutilité ?
Comment puis-je être délivré de cette pensée que – puisque notre monde est rempli d’oppression, de guerre, de faim et de maladie – il aurait peut-être mieux valu ne pas naître ?
Comment trouver une réponse à ces questions ? Pas dans la mort, car elle ne nous offre aucune réponse libératrice pour notre vie.
Cela peut surprendre, mais lorsque la Bible parle de rédemption, elle ne pense pas d’abord à une délivrance comme celle que l’on peut lire dans les avis de décès : « délivré d’une longue maladie ». La rédemption dont parle la Bible est avant tout une rédemption qui concerne notre vie ici et maintenant. Réduire cette promesse à une consolation pour l’au-delà ne nous apporterait pas un véritable réconfort, mais plutôt une illusion.
Notre texte biblique de cette prédication est une parole de consolation. Il s’exprime à travers des images et des comparaisons. Pour le peuple d’il y a deux mille cinq cents ans, c’était une réalité inimaginable que le prophète leur décrivait. Exilés loin de leur patrie, mille kilomètres de désert les séparaient de la Palestine. Une distance infranchissable pour ce qu’il restait du peuple. C’est dans cette situation que le prophète leur parle : Ayez courage, votre Dieu vient, le désert vous ouvrira un chemin. Les aveugles verront, les boiteux marcheront, les sourds entendront. La joie et l’allégresse feront leur entrée, et la douleur et les soupirs disparaîtront. La promesse de la rédemption ne devait pas se réaliser par la mort, mais au cœur même de leur vie désespérée. Elle devait commencer là-dedans ! La rédemption, pour les hommes d’alors, semblait aussi inconcevable qu’elle peut l’être pour nous, dans nos moments les plus sombres et désespérés. En être libéré ?
Les signes de la rédemption ne nous tombent pas dans les bras. Il nous faut les chercher. Mais une telle foi en la rédemption, ici et maintenant, n’est-elle pas aussi incertaine que l’espoir en un au-delà meilleur ? On ne peut prouver que la rédemption est une réalité présente. Cependant, on peut en discerner des traces.
Quand des hommes trouvent le courage et la force, envers et contre toute apparente absurdité, de lutter contre la faim, la maladie, la misère et le besoin dans le monde, et qu’ils ne baissent pas les bras, est-ce que la rédemption ne commence pas là ? Quand quelqu’un guérit d’une maladie grave, est-ce que la rédemption ne commence pas là ? Quand une personne incurable trouve la force d’accepter sa souffrance et sa mort prochaine sans désespoir, et qu’elle s’approche de la mort avec sérénité, est-ce que la rédemption ne commence pas là ? Quand une personne surmonte le deuil après la perte de son être le plus cher, qu’elle ne s’accroche plus seulement au passé, est-ce que la rédemption ne commence pas là ? Quand quelqu’un, malgré l’humiliation, la persécution et la souffrance, refuse de céder à la haine et à la vengeance, est-ce que la rédemption ne commence pas là ? Quand une personne ne renonce pas à aimer quelqu’un qui s’est détourné d’elle, est-ce que la rédemption ne commence pas là ?
Lorsque Jean-Baptiste était en prison, il envoya demander à Jésus : Es-tu celui qui doit venir ? Es-tu la rédemption, le Rédempteur ? Ce que tu dis et fais, est-ce cela, la rédemption ? Jésus répondit à Jean avec les paroles de notre texte : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, et les sourds entendent. (Evangile selon Luc 7,19-22) Par ces mots, il montre clairement : Ce qui se passe ici est l’accomplissement de la promesse de Dieu. La rédemption, la guérison du monde, ne commence pas dans un futur lointain. Elle a déjà commencé.
N’est-ce pas une raison pour répondre à l’appel de la devise de ce dimanche ? « Levez les yeux et redressez la tête, car votre rédemption est proche ! »
Et que la paix de Dieu, qui est plus grande que notre raison humaine,
garde nos cœurs et nos esprits en Jésus-Christ. Amen